J'ai écrit ce texte avant l'éveil. L'éveil s'est produit autour du 28 février 2006 la veille d'un mardi-gras. J'avais alors 31 ans. Un bel âge pour mourir et renaître... Ce texte est un dialogue entre moi et Soi, c'est à dire entre moi et ce guide intérieur que nous avons en chacun de nous et auquel nous prêtons peu l'oreille dans ce monde de bruit et de fureur.

Sauf peut-être quand la souffrance nous submerge malgré tous les remparts que nous avions élevés pour nous protéger. Des remparts de misère. Des maisons de paille...Nous sommes alors prêt à écouter, dans l'espoir de trouver une issu au cycle infernal de l'inconscience.

Je précise qu'à cette période, je ne cherchais nullement l'éveil. Je voulais simplement mettre un terme à la souffrance. Je voulais un miracle. Et ce miracle est survenu. Il a surgit au plus profond de mon désespoir

Je transmet ce texte en espérant qu'il ouvre des portes à ceux qui se sentent pris au piège. En espérant que ces mots qui m'ont éclairé puisse entrouvrir une brèche et vous montrer que la réponse est toujours quelque part en soi. Et nul part ailleurs.

Ce texte sera publié en plusieurs parties. Voici la première.

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Marie-Madeleine au crâne de Capodimonte

De quoi à tu peur?

(je ne répond pas)

Tu as peur de perdre…

De perdre ?

Oui de perdre l’amour si chèrement gagné, un amour que tu aurais gagné en te mutilant. Un amour gagné dans le désamour de toi.

Et la peur aussi de réaliser à quel point tu t’es sacrifiée pour un amour qui n’en est pas un.

Mais qu’est-ce que c’est l’amour !

C’est ton essence.

Ce n’est pas parce que tu as oublié ce qu’est le véritable amour qu’il n’existe pas. L’oubli n’est pas une preuve d’irréalité.

L’amour existe au fond de toi mais tu n’arrives pas à y accéder parce que tu es victime de toi-même.

C’est cela avoir peur de soi…Comprends-tu ?

Tu ne comprenais pas comment on pouvait avoir peur de soi en sachant que le soi est parfait.

N’est-ce pas justement ce que l’on cherche cette perfection ?

Oui mais la perfection ne se cherche pas par des actes mais par des états d’être.

Elle est au-delà de TOUT ce que tu peux penser de toi en bien ou en mal.

Parce que ta perfection est inaccessible à la compréhension de ton esprit divisé.

Je reviens si tu veux bien à la peur de soi parce qu’il s’agit d’une prise de conscience que tu es en train de vivre. Bénis tes frères et sœurs qui te permettent de vivre cela, ainsi que la Vie qui t’a mise sur ce chemin.

Quand tu t’identifies à ton corps, à ses émotions, et à son expérience mentale, tu ne peux avoir une vue claire de ce qui se déroule dans ta vie parce que tu n’as aucun recul pour pouvoir contempler la totalité de ce qui est.

Tu es noyée par la matière à laquelle tout ton être croit être prisonnier.

Mais si tu reviens à ton centre, à ce point d’éternité en toi, que ressens-tu par rapport à tout ça ?

Je me rends compte que si je n’avais pas vécu cette crise, je n’aurais pas intégré ce qu’est la peur de soi. Je n’en aurais pas pris conscience.

Oui. Exactement.

De plus la peur de soi entraîne inévitablement la peur de l’autre et cela aussi tu le savais mais en surface.

La peur de soi c’est se rendre compte du pouvoir de sabotage que l’on a sur soi et ne pas vouloir lâcher ce pouvoir parce que tu as l’impression que finalement c’est le seul pouvoir que tu aies sur ta vie.

Comme tu ne vis pas encore totalement à partir de ton essence, tu n’as pas encore intégré que le pouvoir de ton être réel est bien plus grand.

Et c’est bien ainsi car en n’ayant pas la perception vraie de ce pouvoir, tu cours le risque de donner du pouvoir à une partie de toi qui n’est pas vraie.

Pourquoi alors est-ce que je ne me délivre pas de ce sabotage intérieur ?

Parce que comme dans l’évangile, lorsque Jésus guérit les gens, il leur demande toujours « le veux-tu ? »…Mais bien sur il ne s’adresse pas à ce qui est superficiel en eux, à l’individualité, mais à ce qu’ils ont de plus vrai en eux, leur Soi comme nous l’appelons parce que Soi est impersonnel, il est l’être unifié avec le Tout.

Quand je dis « impersonnel » ne sens-tu pas un sursaut de révolte en toi ?

Oui, c’est un peu ce que je ressens lorsque je tente une approche de la philosophie bouddhiste. Ce nirvana auquel aspirent les fidèles, cette perte de l’identité me fait peur.

C’est parce que tu ne « comprenais » pas ce que ça signifiait et aujourd’hui encore même si tu es plus consciente, tu continues à en avoir peur.

La perte de l’identité, du moi, la fusion avec l’Impersonnel…

C’est en partie parce que les mots enferment l’infini.

Tu ne peux entendre cela à travers des mots même si les mots ont beaucoup d’importance pour toi, ne t’y attache pas. Lâche prise sur ces mots, laisse couler l’énergie indépendamment des mots.

C’est aussi parce que toute ta vie, depuis ton enfance, tu a eu soif d’amour. Et tu as observé en être intelligent que dans ce monde, seuls les êtres ayant une personnalité marquée étaient « aimés » de tous. Les gens qui « avaient » un point fort, la beauté, le savoir, l’argent, la popularité semblaient attirer l’attention dont tu as tellement manqué.

Alors que cet « amour » ou cette « attention » ne sont dues qu’à une perception très limitée de ce qui est.

Celui qui ne considère quelqu’un qu’à partir de l’apparence de son corps, de ses vêtements, de sa maison, de ses actes, de ses paroles, de son talent ou même de sa culture n’a pas une vue réelle de ce qu’il est.

Il ne voit pas plus loin que l’illusion et en plus il réduit l’infini, la perfection de cet être à quelque chose qui n’existe pas.

Cela ne peut être de l’amour.

L’Amour ne voit que la Réalité de l’être. Il ne réduit pas l’être :

Il permet son expansion…

Je n’ai jamais été dupe.

Je savais au fond de moi que ce n’était qu’un pâle reflet de l’amour.

Du moins je le sentais vaguement. Mais c’était mieux que rien.

Je ne trouvais que ça autour de moi pour survivre à ce monde.

Vivre sans amour est une survie permanente. Je me suis dis ; « c’est mieux que rien. Je prends le peu d’amour qu’il y a à prendre. »

Je ne vivais qu’à travers ce rapport de séduction. En particulier avec les hommes car c’était vraiment du coté de mon père que je me heurtais à de l’indifférence. Même si j’étais constamment en conflit avec ma mère, je bénéficiais au moins de son attention.

Je me rappelle la souffrance ressentie à la moindre marque de rejet de ceux que je croisais. Surtout à l’adolescence, ça a été extrêmement difficile et délicat parce qu’en plus, mon corps se transformait, je devais assumer une féminité, une séduction que je ne contrôlais pas.

Oui, chère âme, je sais combien cela a été difficile. Tu t’es réfugiée dans ton monde à travers l’écriture…

Oui, ça m’a aidé à exorciser un peur mes démons mais ça m’a aussi enfermé dans une sorte de solitude. Je me souviens comme ma mère ne m’accordait aucune liberté. Elle reproduisait tout ce qu’elle avait elle-même vécu avec ses parents. Je ne pouvais pas sortir avec des copines et elle semblait mépriser mes amies, mes petites histoires d’ado. J’avais l’impression qu’elle avait peur de moi…

Avait-elle peur de toi ?

Non…Je me rends compte qu’elle avait peur d’elle-même, d’affronter sa vérité, d’avoir été fidèle à son saboteur…comme moi aujourd‘hui.

Il y a des schémas de blessures qui se transmettent dans les familles car ce sont des âmes qui ont fait le choix de vivre ces blessures-là. Mais la chaîne peut être brisé par le premier qui reprendra conscience. Non seulement il va se libérer mais aussi libérer ses ancêtres.

Mais pour se libérer, il ne suffit pas de le vouloir avec son moi personnel.

Dans ton monde, les êtres courent après le bonheur. Etre heureux est une sorte de challenge, d’obligation pour « réussir » leurs vies. Ils croient d’ailleurs vivre plusieurs vies en parallèle, vis sentimentale, vie professionnelle, vie sociale…mais tout cela est faux bien sur, c’est une fuite de soi. Il n’y a qu’une vie, qu’un présent. C’est un mensonge de l’égo de croire qu’il faut accumuler la réussite dans de multiples domaines, se montrer performants à tout prix même et surtout dans la vie spirituelle.

L’être devient un caméléon qui change selon le milieu dans lequel il est immergé.

On change de masque si souvent, qu’on finit par perdre son véritable visage.

Pire, on finit par en avoir peur.

Parce que on craint que ce vrai visage ne soit pas du tout aimé. On craint faire peur aux autres autant que nous même on en a peur. On craint aussi de réaliser le nombre incroyable de masque qu’on a bien voulu porter.

Vois l’engrenage que tu as créé.

Ne te sens coupable de rien car tout cela a été Voulu par toi.

Mais justement, comment peut-on « souffrir » autant de ce qu’on a voulu ?

Pour apprendre à ne plus souffrir, ne plus créer dans la souffrance mais dans l’amour.

Ce qui est créé dans la souffrance n’est pas réel. Ainsi tu n’es pas dans ton essence de créateur quand tu crées à partir de la souffrance.

Tu es un prolongement de Dieu et par toi, il s’expansé. Par ta Création d’amour il s’expanse. Seulement par ta création d’amour.

« La chair est faible » non pas parce qu’elle est sale ou insane mais parce qu’on ne peut s’appuyer uniquement sur elle pour grandir.

L’incarnation est une bénédiction et non une malédiction.

L’incarnation est bien sur source de souffrances inévitables, mais elle est un acte d’amour pour ton Créateur.

Tu as choisi de t’incarner par amour pour Lui et donc pour Toi.

Il ne s’agit pas d’un concept limité de sacrifice tel que les chrétiens ont colporté. Ce n’est pas un sacrifice. C’est une sublime aventure.

Lorsque tu redécouvres ta foi dans l’incarnation, tu te rends compte qu’aucune souffrance n’est vraie en comparaison avec la raison pour laquelle tu t’es incarné.

Je m’explique.

Pour vivre ce monde à travers ce corps, tu as du passer par une phase d’identification à ce corps nécessaire pour en apprendre le fonctionnement. A la base tu es un être dont la vibration est bien plus subtile que celle du corps très dense. Tes possibilités dans ton être d’origine sont illimitées.

Dans ce corps, elles le sont bien plus.

Ces limites sont nécessaires pour des raisons que je vais te donner plus loin, mais elles sont très contraignantes pour toi parce que tu n’en as pas l’habitude.

Imagine que tu possèdes une belle voiture de course. Tu te déplaces avec la facilité du vent. Tu vas là où tu le désires et les distances sont considérablement réduites.

Imagine maintenant que ta voiture tombe en panne. Tu dois soudainement parcourir ces mêmes distances à pied. Evidemment, tu n’en seras pas très heureux au départ. Tu vas sentir très vite des lourdeurs dans tes jambes. Le chemin te semblera long et difficile.

Pourtant tu vas peu à peu t’adapter, peu importe le temps que ça prendra.

Et même à un moment, quand tu auras dépassé la souffrance, tu vas même apprécier cette lenteur. Tu vas profiter de choses dont tu n’avais même pas conscience au volant de ton bolide.

Ce dernier te procurait des sensations grisantes mais là tu découvres une nouvelle sensation de paix et de contemplation.

Tu vois soudain le monde sous un autre angle qui complète et perfectionne la vision que tu en avais auparavant.

C’est la même histoire lorsque tu nais à travers le corps. Dans ta petite enfance, tu t’es adapté au fonctionnement du corps. Tu apprends à le maîtriser afin de pouvoir par la suite l’utiliser avec facilité sans même y penser. Tu ne te souviens pas les efforts que tu faisais lorsque tu apprenais à marcher. Cela te demandait de gros efforts de concentration.

Tu ne pouvais utiliser ta capacité à te concentrer sur autre chose.

Une fois dépassé cela, marcher est devenu pour toi automatique comme avant lorsque tu allais d’un point à l’autre du temps ou de l’espace.

Mais à force de te concentrer sur les mécanismes du corps et de constater l’attention de ton entourage sur ces derniers, tu es resté centré dans ton corps et tu t’es identifié à lui. C'est-à-dire que tu as cru que tu n’étais que ce corps.

De plus selon tes progrès, tu recevais des compliments ou des réprimandes de la part de ceux qui étaient chargés de t’élever…

Je vais faire un arrêt sur ce mot.

Vous utilisez parfois des mots sans même percevoir toute la signification qu’ils portent. C’est cela aussi être conscient. Percevoir toute la profondeur de ce que l’on exprime.

Elever un enfant…

Entends-tu chère âme ?

Elever…

Certains entendent dans ce mot aider l’enfant à grandir physiquement en le nourrissant, le vêtant, lui apprenant le langage, mais l’enfant a-t-il vraiment besoin de parents pour cela ?

Les orphelins cessent-ils de grandir physiquement?

Elever veut dire aider l’enfant à ne pas seulement être un corps. Lui permettre de se connaître au-delà.

Les limites sont nécessaires à un enfant pour justement apprendre (ou réapprendre puisque l’enfant est aussi une âme sans âge) à se connaître.

N’est-ce pas la même chose pour toi. Pour l’Etre que tu es ?

Les limites de l’incarnation sont nécessaires pour réapprendre à te connaître en toute sécurité. Je sens que tu frémis lorsque je dis « en sécurité ». Tu crois ne pas être en sécurité dans l’incarnation tant que tu crois être ce corps incarné.

En effet le corps est extrêmement vulnérable et quand j’évoque le corps, je ne parle pas seulement du physiologique, mais aussi du corps émotionnel, du mental, et causal. Des corps moins dense mais qui sont inhérents à l’incarnation.

Ces corps peuvent être détruits ou altérés.

Mais Toi, tu ne le peux pas car tu es éternel.

C’est pour cela que seul ce que tu es est vrai. Tout le reste n’est créé que pour une expérience donnée indépendamment de ton être.

Je vais faire un détour qui va te faire sourire. Un détour dans le monde des mathématiques.

Je sais combien tu n’aimais pas travailler ces maths lorsque tu allais à l’école.

Mais sache que lorsque les scientifiques affirment que l’univers est composé de nombres, ils n’ont pas tort.

En algèbre, tu as les neufs chiffres de base. Et le zéro.

A partir de ces neufs chiffres et le zéro, tu peux élaborer toute sorte de calculs, de nombre, d’évaluation etc…

Mais en vérité, quand tu réduis un nombre au maximum, tu reviens toujours aux mêmes chiffres clé.

On peut dire que le zéro représente l’incréé. Et les neuf autres chiffres sont les êtres créés, le Tout divisé ou plutôt expansé.

Tout le reste n’existe que par rapport ces neuf chiffre existants.

Tu n’imagines pas à quel point les maths sont une clé pour comprendre l’univers…

Je reviens à ce que je disais au niveau de la limitation nécessaire.

Je disais donc que tu te sens insécurisé tant que tu te bornes à croire que tu n’es qu’un corps.

Voila d’où vient la racine de la peur : d’une perception fausse.

Et l’égo est créé aussi à partir de cette perception. Si tu crois que tu es ce corps et non son créateur, tu ne peux que croire être séparé de tout le reste de l’univers.

Cette simple perception fausse engendre l’immense illusion de croire que tu es séparé de TOUT.

Tu élabores ta vie à partir de cette croyance qui peut même chez certains devenir une certitude. Tu peux alors croire à la séparation, et donc à l’abandon, à la destruction, à la perte, au manque…toutes les peurs que tu puisse « imaginer » ou même vivre simplement en croyant être séparé, un individu seul face à l’univers menaçant.

La limitation du corps ne doit pas être une limitation de TOUT ton être. Ce que tu es réellement n’est pas ce corps. Tu es le créateur éternel de ce corps, donc tu es toi invulnérable à quoique ce soit car ce qui est éternel ne peut être détruit ou altéré.

Tu es inaltérable. La peur t’es en vérité totalement inconnue hors du corps.

La peur n’existe donc pas car elle n’est pas éternelle. Elle est limitée dans le temps de la matière dense et issue d’une fausse perception. En cela seulement, la peur n’existe pas. Elle n’est pas Réelle.

A suivre...

De quoi as-tu peur?

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